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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/301

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les amours de zein al-mawassif
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furent aperçus de la disparition de Zein Al-Mawassif, ils sentirent leurs boyaux se tordre de désespoir. Et ils se réunirent dans leur église, pour chanter comme des ânes, selon leur habitude. Mais, au lieu de chanter leurs antiennes et de réciter leurs prières ordinaires, voici ce qu’ils improvisèrent ! Le premier moine chanta :

« Rassemblez-vous, mes frères, avant que mon âme vous abandonne, car mon heure dernière est venue !

Le feu de l’amour consume mes os, la passion dévore mon cœur, et je brûle pour une beauté qui est venue dans cette région nous frapper tous des flèches mortelles lancées par les cils de ses paupières. »

Et le second moine répondit par ce chant :

« Ô toi qui voyages loin de moi, pourquoi, ayant ravi mon pauvre cœur, ne m’as-tu emmené avec toi ?

Tu es partie, en emportant mon repos ! Ah ! puisses-tu bientôt revenir pour me voir expirer dans tes bras ! »

Le troisième moine chanta :

« Ô toi dont l’image brille à mes yeux, remplit mon âme et habite mon cœur.

Ton souvenir est plus doux à mon esprit que le miel n’est doux aux lèvres de l’enfant : et tes dents qui sourient à mes rêves sont plus brillantes que le glaive d’Azraël.

Comme une ombre tu as passé, en versant dans mes entrailles une flamme dévorante !