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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/302

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les mille nuits et une nuit

Si jamais en songe tu t’approchais de mon lit, tu le trouverais baigné de mes pleurs. »

Le quatrième moine répondit :

« Retenons nos langues, mes frères, et ne laissons plus échapper des paroles superflues qui affligeraient nos cœurs souffrants.

Ô pleine lune de la beauté ! ton amour a répandu ses brillants rayons sur ma tête obscure, et tu m’as incendié d’une passion infinie. »

Le cinquième moine, en sanglotant, chanta :

« Mon seul désir, c’est ma bien-aimée ! Sa beauté efface l’éclat de la lune ; sa salive est plus douce que l’eau précieuse des raisins ; l’ampleur de ses hanches loue leur Créateur.

Voici que mon cœur est consumé par la flamme de l’amour qu’elle m’a inspiré, et que mes larmes coulent de mes yeux comme des gouttes d’onyx. »

Le sixième moine, alors, poursuivit :

« Ô rameaux chargés de roses, ô étoiles des cieux, où est celle qui apparut sur notre horizon, et dont l’influence mortelle fait périr les hommes sans l’aide des armes, par son seul regard ? »

Ensuite le septième moine entonna ce chant :

« Mes yeux, qui l’ont perdue, se remplissent de larmes ; l’amour s’accroît et la patience diminue.