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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/303

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les amours de zein al-mawassif
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Ô douce enchanteresse apparue sur nos chemins ; l’amour s’accroît et la patience diminue. »

Et, ainsi de suite, tous les autres moines entonnèrent, chacun à son tour, un chant improvisé, jusqu’à ce que vint le tour de leur patriarche qui alors, d’une voix sanglotante, chanta :

« Mon âme est pleine de trouble, et l’espoir m’a abandonné.

Une beauté ravissante a passé dans notre ciel, et m’a enlevé le repos.

Maintenant le sommeil fuit mes paupières et la tristesse les consume.

Seigneur, je me plains à Toi de mes souffrances ! Seigneur, fais que, mon âme partie, mon corps s’évanouisse comme une ombre ! »

Lorsqu’ils eurent terminé leurs chants, les moines se jetèrent la face contre les dalles de leur église, et pleurèrent longtemps. Après quoi ils résolurent de dessiner, de mémoire, le portrait de la fugitive, et de le placer sur l’autel de leur mécréantise. Mais ils ne purent accomplir leur projet, car la mort les surprit et mit un terme à leurs tourments, après qu’ils eurent creusé eux-mêmes leurs tombeaux, dans le monastère.

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.