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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/313

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histoire du jeune homme mou
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raudes, de rubis, de saphirs et de bien d’autres gemmes aux noms inconnus ; et le poteau central de ce pavillon était en bois d’aloès indien ; et tous les pans de ce pavillon étaient piqués de gemmes de toutes les couleurs, et l’intérieur en était ornementé de dessins d’un art merveilleux qui représentaient des ébats gracieux d’animaux et des vols d’oiseaux ; et tous ces animaux et ces oiseaux étaient en or, en chrysolithes, en grenats, en émeraudes et en bien d’autres variétés de gemmes et de métaux précieux.

Et lorsque le jeune Abou-Môhammad eut tiré du coffre ces différents objets, qu’il disposait au fur et à mesure sur les tapis, pêle-mêle, il se tint debout et, sans bouger la tête, il éleva et abaissa ses sourcils. Et aussitôt le pavillon tout entier se dressa de lui-même au milieu de la salle avec autant de promptitude, d’ordre et de symétrie que s’il avait été manié par vingt personnes exercées ; et les trois arbres merveilleux vinrent d’eux-mêmes se planter à l’entrée du pavillon et le protéger de leur ombrage.

Alors, Abou-Môhammad regarda une seconde fois le pavillon et fit entendre un très léger sifflement. Et aussitôt tous les oiseaux gemmés de l’intérieur se mirent à chanter, et les animaux d’or se mirent à leur répondre avec douceur et harmonie. Et Abou-Môhammad, au bout d’un instant, fit entendre un second sifflement, et le chœur tout entier se tut sur la note commencée.

Lorsque le khalifat et les assistants eurent vu et entendu ces choses extraordinaires, ils ne surent s’ils rêvaient ou s’ils veillaient. Et Abou-Môhammad embrassa encore une fois la terre entre les mains