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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/314

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les mille nuits et une nuit

d’Al-Rachid, et dit : « Ô émir des Croyants, ne crois point que je t’apporte d’une âme intéressée ces petits cadeaux qui ont la chance de ne point te déplaire ; mais je te les apporte simplement en hommage d’un féal à son maître souverain. Et ils ne sont rien en comparaison de ceux que je pense encore t’offrir, si toutefois lu me le permets. »

Lorsque le khalifat fut un peu revenu de l’étonnement où l’avait plongé la vue de ces choses dont il n’avait jamais vu les pareilles, il dit au jeune homme : « Peux-tu me dire, ô jeune homme, d’où te viennent toutes ces choses-là, alors que tu es un simple sujet d’entre mes sujets ? Tu es connu sous le nom de Abou-Môhammad-les-Os-Mous, et je sais que ton père n’était qu’un simple ventouseur de hammam, mort sans te rien laisser en héritage ! Comment se fait-il donc que tu sois arrivé, en si peu de temps et bien jeune encore, à ce degré de richesse, de distinction et de puissance ? » Et Abou-Môhammad répondit : « Je te dirai donc mon histoire, ô émir des Croyants, qui est une histoire si merveilleuse et si pleine de faits extraordinairement prodigieux que si elle était écrite avec les aiguilles à tatouage sur le coin intérieur de l’œil, elle serait une leçon riche en profits à ceux qui voudraient en profiter ! » Et Al-Rachid, extrêmement intrigué, dit : « Hâte-toi alors de nous faire entendre ce que tu as à nous dire, ya Abou-Môhammad ! » Et le jeune homme dit :

« Sache donc, ô émir des Croyants (qu’Allah te hausse en puissance et en gloire !) que je suis, en