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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/322

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les mille nuits et une nuit

l’île des perles. Et, après une navigation excellente, ils arrivèrent à Bassra.

Or, dès qu’il eut mis pied à terre, le cheikh Mouzaffar vint frapper à notre porte. Et ma mère demanda de l’intérieur : « Qui est là ? » Et il répondit : « C’est moi ! Ouvre, ô mère d’Abou-Môhammad ! Je reviens de la Chine ! » Et ma mère me cria : « Lève-toi, les-Os-Mous ! Voilà le cheikh Mouzaffar qui revient de la Chine ! Va lui ouvrir la porte, et le saluer et lui souhaiter la bienvenue ! Puis tu lui demanderas ce qu’il t’a apporté, dans l’espoir qu’Allah t’aura envoyé, par son entremise, de quoi suffire à nos besoins ! » Et je lui dis : « Aide-moi à me lever et à marcher ! » Et elle le fit. Et je me traînai, en me prenant les pieds dans les pans de ma robe, jusqu’à la porte, que j’ouvris.

Et le cheikh Mouzaffar, suivi de ses esclaves, entra dans le vestibule et me dit : « Le salam et la bénédiction sur celui dont les cinq drachmes ont porté bonheur à notre voyage ! Voici, ô mon fils, ce qu’ils t’ont rapporté ! » Et il fit ranger dans le vestibule les sacs de perles, me remit l’or que lui avaient donné les marchands, et me mit dans la main la corde à laquelle était attaché le singe. Puis il me dit : « C’est là tout ce que t’ont rapporté les cinq drachmes ! Quant à ce singe, ô mon fils, ne le maltraite pas, car c’est un singe de bénédiction ! » Et il prit congé de nous et s’en alla avec ses esclaves.

Alors moi, ô émir des Croyants, je me tournai vers ma mère et lui dis : « Tu vois, ô mère, qui de nous deux a raison ! Tu m’as torturé la vie en me disant tous les jours : « Lève-toi, les-Os-Mous, et travaille ! »