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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/50

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les mille nuits et une nuit

au milieu de leur escorte, se mettre immédiatement en route pour le pays de leur père.

Quant à Hassân, lorsqu’il se vit seul dans le palais, il fut pris d’une grande mélancolie ; et, de se sentir dans la solitude après avoir été dans la charmante compagnie de ses sept sœurs, il devint fort rétréci quant à sa poitrine ; et, pour chercher à distraire et à calmer ses regrets, il se mit à visiter, l’une après l’autre, les chambres des jeunes filles. Et, en revoyant la place qu’elles occupaient et les beaux objets qui leur appartenaient, il s’exaltait l’âme et sentait son cœur palpiter d’émoi. Et il arriva de la sorte devant la porte qui s’ouvrait avec la clef qui portait comme signe la turquoise incrustée. Mais il ne voulut point s’en servir, et revint sur ses pas. Puis il pensa : « Qui sait pourquoi ma sœur Bouton-de-Rose m’a tellement recommandé de ne point ouvrir cette porte-là ? Et qu’est-ce qu’il peut bien y avoir, là-dedans, de si mystérieux pour qu’une telle défense m’ait été imposée ? Mais, puisque telle est la volonté de ma sœur, je n’ai qu’à répondre par l’ouïe et l’obéissance ! » Et il se retira, et, comme la nuit tombait et que la solitude lui pesait, il alla se coucher pour endormir son chagrin. Mais il ne put fermer les yeux, tant l’obsédait cette porte défendue ; et cette pensée le torturait si intensément qu’il se dit : « Si j’allais l’ouvrir tout de même ? » Mais il pensa : « Il vaut mieux attendre le matin ! » Puis, n’en pouvant plus d’attendre sans dormir, il se leva, en se disant : « Je préfère aller tout de suite ouvrir cette porte et voir ce que renferme l’appartement dont elle est l’entrée, dussé-je y trouver la mort ! »