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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/56

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les mille nuits et une nuit

l’adolescente dit : « Ô princesses, voici le matin qui se lève, et il est temps que nous songions au départ, car notre pays est loin, et nous nous sommes assez reposées ! » Alors elles la vêtirent de sa robe de plumes, se vêtirent également de la même manière, et toutes ensemble s’envolèrent, mettant de la clarté dans le ciel du matin.

Tout cela ! Et Hassân, stupéfait, les suivait des yeux et, bien longtemps après qu’elles eurent disparu, il continua à fixer l’horizon lointain, en proie à la violence d’une passion que n’avait jamais allumé en son âme la vue de n’importe quelle fille de la terre. Et des larmes de désir et d’amour coulèrent le long de ses joues, et il s’écria : « Ah ! Hassân, infortuné Hassân ! Voici ton cœur désormais entre les mains des filles des genn, toi que nulle beauté ne sut fixer dans ta patrie ! » Et, plongé dans une profonde rêverie, et la joue sur la main, il improvisa :

« Quel matin t’accueille, ô disparue, sous sa rosée ? De lumière vêtue et de beauté tu m’apparus pour torturer mon cœur et t’en aller.

Ils ont osé prétendre que l’amour est rempli de douceur ? Ah ! si ce martyre est doux, quelle serait donc l’amertume de la myrrhe ? »

Et il continua à soupirer de la sorte, sans fermer l’œil, jusqu’au lever du soleil. Puis il descendit sur le bord du lac, et se mit à errer de ci de là, respirant dans l’air frais les effluves qu’elles avaient laissés. Et il continua à se consumer tout le jour dans l’attente de la nuit, pour remonter alors sur la terrasse, espérant le