Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
les aventures de hassân al-bassri
53

retour des oiseaux. Mais rien ne vint cette nuit-là ni les autres nuits. Et Hassân, désespéré, ne voulut plus ni manger, ni boire, ni dormir, et ne fit que s’enivrer de plus en plus de sa passion pour l’inconnue. Et, de cette façon, il dépérit et jaunit ; et ses forces peu à peu l’abandonnèrent, et il se laissa tomber sur le sol, se disant : « La mort est encore préférable à cette vie de souffrance ! »

Sur ces entrefaites, les sept princesses, filles du roi du Gennistân, revinrent des fêtes où elles avaient été conviées par leur père. Et la plus jeune courut, avant même de changer ses vêtements de voyage, à la recherche de Hassân. Et elle le trouva dans sa chambre, étendu sur son lit, bien pâle et bien changé ; et il avait les paupières fermées, et des larmes coulaient lentement le long de ses joues. Et la jeune fille, à cette vue, poussa un cri douloureux et se jeta sur lui et l’entoura de ses bras, comme la sœur le fait pour son frère, et le baisa sur le front et sur les yeux, lui disant : « Ô mon frère bien-aimé, par Allah ! mon cœur se fend de te voir en cet état ! Ah ! dis-moi de quel mal tu souffres, pour que j’en trouve le remède ! » Et Hassân, la poitrine soulevée de sanglots, fit de la tête et de la main un signe qui signifiait : « Non ! » et ne prononça pas une parole. Et la jeune fille, tout en larmes, et avec des caresses infinies dans la voix, lui dit : « De grâce, mon frère Hassân, âme de mon âme, délices de mes paupières, de voir tes yeux enfoncés de maigreur dans leurs orbites, et effacées les roses de tes joues chéries, la vie m’est devenue étroite et sans charme ! Je te conjure, par l’affection sacrée qui nous lie, de ne point