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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/58

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les mille nuits et une nuit

cacher tes peines et ton mal à une sœur qui voudrait racheter ta vie au prix de mille siennes ! » Et, éperdue, elle le couvrait de baisers et lui tenait les deux mains appuyées contre sa poitrine, et le suppliait ainsi à genoux près de sa couche. Et Hassân, au bout d’un certain temps, poussa plusieurs soupirs déchirants et, d’une voix éteinte, improvisa ces vers :

« Si tu regardais attentivement, tu trouverais, sans explication, la cause de mes souffrances. Mais à quoi bon connaître une maladie qui n’a point de remède ?…

Mon cœur a changé de place, et mes yeux ne savent plus dormir ! Et ce qui a été changé par l’amour, ne peut être restauré que par l’amour ! »

Puis les larmes de Hassân coulèrent en abondance ; et il ajouta : « Ah ! ma sœur, quel secours peux-tu apporter à quelqu’un qui souffre de sa faute ? Et puis j’ai bien peur que tu ne puisses que me laisser mourir de mon chagrin et de mon infortune ! » Mais la jeune fille s’écria : « Le nom d’Allah sur toi et autour de toi, ô Hassân ! Que dis-tu là ? Dût mon âme quitter mon corps, je ne saurais faire autrement que de te venir en aide ! » Alors Hassân, avec des sanglots dans la voix, dit : « Sache donc, ô ma sœur Bouton-de-Rose, qu’il y a dix jours que je n’ai pris de nourriture et cela à cause de telles et telles choses qui me sont arrivées ! » Et il lui raconta toute son aventure, sans en omettre un détail !

Lorsque Bouton-de-Rose eut entendu le récit de Hassân, loin de s’en montrer formalisée, comme elle