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les aventures de hassân al-bassri
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d’entre les vizirs. Et il se hâta d’y conduire sa mère et son épouse. Et il meubla le palais avec un luxe fastueux, et acheta des esclaves des deux sexes, et des jeunes garçons et des eunuques. Et il n’épargna rien pour que son train de maison fût le plus remarquable de toute la ville de Baghdad.

Ainsi installé, Hassân mena dès lors, dans la Cité de Paix, une vie délicieuse avec son épouse Splendeur, entourés tous deux des soins minutieux de la vénérable vieille mère qui s’ingéniait tous les jours à confectionner un mets nouveau et à exécuter les recettes de cuisine qu’elle apprenait de ses voisines, et qui différaient beaucoup des recettes de Bassra ; car, à Baghdad, il y avait beaucoup de plats qu’on ne pouvait réussir nulle part ailleurs sur la face de la terre. Aussi, au bout de neuf mois de cette vie charmante et de cette nourriture soignée, l’épouse de Hassân accoucha heureusement de deux enfants mâles et jumeaux, comme des lunes. Et on appela l’un Nasser, et l’autre Manssour.

Or, au bout d’un an, le souvenir des sept princesses s’offrit à la mémoire de Hassân avec le rappel du serment qu’il leur avait fait. Et il éprouva le plus vif désir de revoir surtout sa sœur Bouton-de-Rose. Il fit donc les préparatifs nécessaires pour ce voyage, acheta les plus belles étoffes et les plus belles choses, dignes d’être offertes en cadeaux, qu’il put trouver à Baghdad et dans tout l’Irak, et fit part à sa mère du projet qu’il avait formé, en ajoutant : « Je veux seulement te recommander une chose, pendant mon absence, à la limite de la recommandation : c’est de garder bien soigneusement le manteau de plumes