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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/82

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les mille nuits et une nuit

de mon épouse Splendeur, que j’ai caché dans le lieu le plus secret de la maison. Car, ô ma mère, sache bien que si mon épouse chérie avait l’occasion, pour notre plus grand malheur, de revoir ce manteau, elle se rappellerait à l’instant son instinct originel, qui est le vol des oiseaux, et ne pourrait s’empêcher de s’envoler d’ici, même à son cœur défendant ! Prends donc bien garde, ma mère, de lui montrer ce manteau-là ! Car, si ce malheur arrivait, moi, certainement, ou je mourrais de chagrin ou je me tuerais ! Je te recommande, en outre, de bien la soigner, vu qu’elle est délicate et habituée au dorlotement, et de ne point craindre de la servir toi-même de préférence aux servantes qui ne savent pas, comme toi, ce qui sied et ce qui ne sied pas, ce qui convient et ce qui ne convient pas, ce qui est raffiné et ce qui est grossier. Et surtout, ma mère, ne la laisse pas mettre un pied hors de la maison, ni faire sortir sa tête d’une fenêtre ni même monter sur la terrasse du palais ; car je crains beaucoup le grand air pour elle, et que l’espace ne la tente de quelque manière ou par quelque endroit. Ainsi donc, voilà mes recommandations ! Et si tu veux ma mort, tu n’as qu’à les négliger ! » Et la mère de Hassân répondit : « Qu’Allah me garde de te désobéir, ô mon enfant ! Prions sur le Prophète ! Est-ce que je serais devenue folle pour avoir besoin de tant de recommandations, ou pour enfreindre le moindre de tes ordres ! Pars donc tranquille, ô Hassân, et calme ton esprit ! Et, à ton retour, avec la grâce d’Allah, tu n’auras qu’à demander à Splendeur si tout a marché comme tu le voulais ! Mais, moi, à