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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/85

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les aventures de hassân al-bassri
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Nasser et de Manssour ! » Et la vieille dame dit : « Ya Allah ! ô les paroles inconsidérées, ma fille ! Aller au hammam, ô notre calamité ! Ne sais-tu que moi et toi nous sommes des étrangères qui ne connaissons pas du tout les hammams de cette ville-ci ! Et comment pourrais-tu y aller sans y être conduite par ton époux, qui t’y précéderait d’abord pour te retenir d’avance une salle, et s’assurer que tout est propre là-dedans et que les cancrelats, les blattes et les cafards ne tombent pas de la voûte ! Or, ton époux est absent, et moi je ne connais personne qui puisse le remplacer dans une si grave occasion ; et je ne puis moi-même t’accompagner, à cause de mon grand âge et de ma faiblesse ! Mais, si tu veux, ma fille, je vais te faire chauffer de l’eau ici-même, et je te laverai la tête et te donnerai un bain délicieux dans le hammam de notre maison ! J’ai précisément tout ce qu’il faut pour cela, et j’ai même reçu avant-hier une boite de terre parfumée d’Alep, et de l’ambre, et de la pâte épilatoire, et du henné ! Ainsi donc, ma fille, tu peux être tranquille à ce sujet. Ce sera excellent ! » Mais Splendeur répondit : « Ô ma maîtresse, depuis quand refuse-t-on aux femmes la permission du hammam ? Par Allah ! si tu avais dit ces choses-là même à une esclave, elle ne les aurait pas supportées, et plutôt que de continuer à rester dans votre maison, elle t’aurait demandé à être vendue au souk, à la criée ! Mais, ô ma maîtresse, que les hommes sont insensés qui s’imaginent que toutes les femmes se ressemblent, et qu’il faut prendre contre elles mille précautions plus tyranniques les unes que les autres, pour les empêcher de faire les