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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/86

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les mille nuits et une nuit

choses illicites ! Mais, toi, tu dois bien savoir pourtant que lorsqu’une femme a fermement résolu de faire une chose, elle trouve toujours moyen, en dépit de tous les empêchements, d’en venir à bout, et que rien ne peut l’arrêter dans ses desseins, fussent-ils irréalisables ou pleins de désastres ! Ah ! hélas sur ma jeunesse ! on me soupçonne, et on n’a plus aucune foi en ma chasteté ! Et il ne me reste plus qu’à mourir ! » Et, ayant dit ces paroles, elle se mit à verser des larmes, à sangloter et à appeler sur sa tête les plus noires calamités !

Alors, la mère de Hassân finit par se laisser toucher par ses pleurs et ses gémissements, en comprenant, d’ailleurs, qu’il n’y avait plus moyen désormais de la détourner de son dessein. Elle se leva donc, malgré son grand âge et la défense expresse de son fils, et prépara tout ce qu’il fallait pour le bain, en fait de linge propre et de parfums. Puis elle dit à Splendeur : « Allons ! ma fille, viens et ne t’attriste plus ! Mais qu’Allah nous sauvegarde de la colère de ton époux ! » Et elle sortit avec elle du palais, et l’accompagna au hammam le plus renommé de la ville.

Ah ! comme elle aurait mieux fait, la mère de Hassân, de ne point se laisser toucher par les plaintes de Splendeur, et de ne pas franchir le seuil de ce hammam ! Mais qui peut lire dans le livre des destinées, en dehors du Seul Voyant ? Et qui peut dire d’avance ce qu’il compte faire entre deux pas de chemin ? Mais nous, qui sommes des musulmans, nous croyons et nous nous fions à la Volonté Suprême ! Et nous disons : « Il n’y a de Dieu qu’Allah,