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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/88

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les mille nuits et une nuit

large en long, les faisant s’entre-choquer, toutes les tribus de l’Arabie ; et toi, Sett Boudour, fille du roi Ghaïour, maître d’El-Bouhour et d’El-Koussour, toi dont les yeux d’incendie troublèrent à l’extrême les genn et les éfrits ; et toi, musique des sources, et toi, chant printanier des oiseaux, que devîntes-vous devant la nudité de cette gazelle ? Louanges à Allah qui te créas, ô Splendeur, et mélangea en ton corps de gloire les rubis et le musc, l’ambre pur et les perles, ô toute d’or !

Ainsi donc, les femmes du hammam, pour la mieux considérer, quittèrent leur bain et leur nonchaloir, et la suivirent pas à pas. Et le bruit de ses charmes se répandit bientôt du hammam dans tout le voisinage, et, en un instant, les salles furent envahies, à ne pouvoir y circuler, de femmes attirées par la curiosité de voir cette merveille de beauté. Et, parmi ces femmes inconnues, se trouvait précisément une des esclaves de Sett Zobéida, épouse du khalifat Haroun Al-Rachid. Et cette jeune esclave, qui s’appelait Tohfa, fut encore plus stupéfaite que les autres de la beauté parfaite de cette lune magique ; et, les yeux grands ouverts, elle s’immobilisa au premier rang à la regarder se baigner dans le bassin. Et, lorsque Splendeur eut terminé son bain et se fut habillée, la petite esclave ne put faire autrement que de la suivre hors du hammam, attirée par elle comme par une pierre d’aimant, et se mit à marcher derrière elle dans la rue jusqu’à ce que Splendeur et la mère de Hassân fussent arrivées à leur demeure. Alors la jeune esclave Tohfa, ne pouvant entrer dans le palais, se contenta de porter ses