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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/89

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les aventures de hassân al-bassri
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doigts à ses lèvres et de lancer à Splendeur, en même temps qu’une rose, un baiser retentissant. Mais, malheureusement pour elle, l’eunuque de la porte vit la rose et le baiser, et, formalisé à l’extrême, se mit à lui dire d’épouvantables injures, en faisant des yeux blancs : ce qui la décida, mais en soupirant, à revenir sur ses pas. Et elle rentra au palais du khalifat, où elle se hâta de se rendre auprès de sa maîtresse, Sett Zobéida.

Or, Sett Zobéida vit que son esclave préférée était toute pâle et bien émue ; et elle lui demanda : « Où donc as-tu été, ô gentille, pour me revenir dans cet état de pâleur et d’émotion ? » Elle dit : « Au hammam, ô ma maîtresse ! » Elle demanda : « Et qu’as-tu donc vu au hammam, ma Tohfa, pour me revenir sens dessus dessous, et avec des yeux si languissants ? » Elle répondit : « Et comment, ô ma maîtresse, mes yeux et mon âme ne languiraient-ils pas, et la mélancolie n’envahirait-elle pas mon cœur au sujet de celle qui m’a ravi la raison ? » Sett Zobéida se mit à rire et dit : « Que me racontes-tu là, ô Tohfa, et de qui me parles-tu ? » Elle dit : « Quel adolescent délicat ou quelle jouvencelle, quel faon ou quelle gazelle, ô ma maîtresse, égaleront jamais ses charmes et sa beauté ? » Sett Zobéida dit : « Ô folle Tohfa, veux-tu enfin te décider à me dire son nom ? » Elle dit : « Je ne le sais pas, ô ma maîtresse ! Mais, ô ma maîtresse, je te le jure par les mérites de tes bienfaits sur ma tête ! nulle créature sur la face de la terre, dans le passé, dans le présent ou dans le futur, ne lui est comparable ! Tout ce que je sais d’elle, c’est qu’elle habite ce palais situé sur les