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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/146

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grand nombre de muscles en jeu ; c’est ce phénomène qu’il faut tâcher de provoquer chez tous ceux que leur manque d’immobilité rend impropres à la précision, à l’exactitude des mouvements. La bonne volonté ne suffit pas pour arriver à exécuter des mouvements acoustiques, car ils se règlent par les représentations mentales des sensations corrélatives. Par conséquent ceux qui ont peu de sensations tactiles se les représentent mal et ne transmettent que des mouvements relativement inconscients, c’est-à-dire imperfectibles. À ce point de vue l’immobilité est la base de la conscience artistique, puisque le perfectionnement consiste dans l’affinement des diversifications dont la réalisation est inimaginable sans la fixité qui détermine leur caractère artistique. En raison de ces faits on pourrait admettre que ceux qui ne peuvent pas immobiliser à volonté les poses différentes de leurs doigts ne peuvent pas progresser.

Dans le mécanisme artistique, il s’agit de créer une quantité d’associations difficiles et de supprimer une quantité d’associations aisées. On ne peut donc acquérir les premières que proportionnellement à la suppression des secondes. L’exécutant doit donc par rapport aux fonctions musculaires résoudre un double problème. Il doit communiquer aux sensations de ses mouvements l’intensité désirable avant de pouvoir faire des efforts utiles. Sans cette mise à point de l’appareil sensible les progrès sont extrêmement entravés. C’est parce qu’on la néglige que l’abus de l’étude, ce mal envahissant, se propage de plus en plus et produit des résultats si néfastes. Quand donc