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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/46

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le mécanisme du toucher

exercée par cette force, nous reconnaissons qu’elle agit avec une même intensité sur toutes les perceptions.

Pour le musicien, l’essentiel est d’entendre ; pour le peintre, l’essentiel est de voir. Leurs progrès artistiques seront en rapport avec le développement de ces deux facultés ; mais ce développement est sous la dépendance de leurs mouvements, car ce sont eux qui leurs apprennent à entendre et à voir. Nous faisons allusion ici à ce développement superlatif que l’ouïe et la vue doivent graduellement atteindre chez l’artiste, à ce développement qui consiste dans le discernement des différences dont on dit « qu’on ne peut apprendre ni à les voir ni à les entendre », parce qu’elles sont attribuées au sentiment, à l’instinct, au don inné.

Mais ce qu’on appelle le sentiment, c’est un mécanisme de rouages perfectionnés.

Chacun de nous possède des rouages dont certaines conformations initiales ne peuvent être modifiées, et dont l’influence bonne ou mauvaise est un fait acquis dont les conséquences sont inévitables ; mais par l’étude du mouvement nous pouvons réagir sur ces organes et les rendre plus utiles qu’ils ne paraissaient destinés à l’être. Augmenter la motilité de nos organes tactiles, c’est les approprier, quelles que soient leurs conformations, à une détermination de mesures de plus en plus étendues, variées, précises.

L’activité des mains est agencée par une compensation de deux forces : la souplesse et le poids. Le poids représente l’immobilité, la souplesse représente la faculté de