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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/91

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direction différente de celle que nous avons signalée comme étant appropriée aux procédés du moindre effort.

En parlant de la localisation des contacts, nous avons fait emploi d’un terme inusité dans l’étude du piano quoique de tout temps les grands artistes aient dû employer ces procédés instinctivement. Avant que les empreintes eussent révélé les phénomènes de la diversification des contacts, l’art de la localisation restait ignoré, indéfinissable. Cet art se rattache directement aux caractères si divers de notre sensibilité tactile, dont il agence les rapports en vue d’évoquer les sonorités les plus variées, les plus harmonieuses. En se basant sur la correspondance des lignes papillaires dans le groupement des contacts, on pourrait dire que dans l’exécution pianistique notre sensibilité prend un caractère circulaire. Les impressions tactiles peuvent être diversifiées de manière à former des oppositions de sensations si frappantes, qu’à différentes reprises nous leur avons vu produire le phénomène de l’interversion involontaire des attaques. C’est-à-dire, en voulant jouer à deux reprises mi, sol, ut, par exemple, en localisant les attaques d’une main sur la région plus sensible, celle de l’autre sur la région moins sensible, il nous est arrivé après avoir joué mi, sol, ut avec une main, de jouer malgré nous ut, sol, mi avec l’autre, par le fait de nous servir de régions opposées.

Dans l’analyse expérimentale de la durée de l’enfoncement et du soulèvement de la touche nous avons constaté que sur la région sensible les attaques se font très rapidement et les soulèvements relativement lentement.