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— Ô sage ! si mon cœur est faible et déchiré,
Je ne crains rien pour moi, sache-le. Je mourrai
Comme si j’étais fait ou d’airain ou de pierre,
Sans pâlir ni pousser la plainte et la prière
Du lâche ou du Çudra. Mais j’aime et suis aimé !
Vois cette fleur des bois dont l’air est embaumé,
Ce rayon enchanté qui plane sur ma vie.
Dont ma paupière est pleine et jamais assouvie !
Mon sang n’est plus à moi : Çanta meurt si je meurs !

Et Viçvamitra dit : — Les flots pleins de rumeurs
Que le vent roule et creuse et couronne d’écume,
Les forêts qu’il secoue et heurte dans la brume.
Les lacs que l’Açura bat d’un noir aileron
Et dont les blancs lotus sont souillés de limon,