Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/422

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

» N’ont pas su discerner qu’elle a presque votre âge :
» Que de ses yeux ternis le froid patelinage,
» Le talisman livide est encore vainqueur,
» Et que vos pleurs stagnans vous dévorent le cœur,
» Et que votre âme encor, ruminant des parjures,
» Comme un aigle châtré croupit dans ses blessures ?
» Dieu du ciel, vengez-vous, et quand tous ses amans,
» Dépeçant de vos vers les brûlans châtimens,
» De leur poison mortel décriraient l’énergie,
» Soyez sûr qu’en secret, terrible apologie,
» Rien, de son cœur navré, n’arrachera le trait
» Qu’y plonge du mépris l’ineffaçable arrêt.
» Des stigmates du vers tarez donc sa mémoire :
» Ses heures de regrets vous tiendront lieu de gloire.
» Pourri de fausseté, son sang trouble et bâtard
» Ne vaut sans doute pas qu’on en rouille un poignard ;
» Mais est-ce pour pleurer un reste de coquette,
» Que le ciel vous donna la lyre du poète ?
» La lyre aussi poignarde, et poignarde long-temps :
» Si le sang ne vient pas, c’est qu’il coule en dedans. »