bientôt devant la bonne enfantise rieuse et prime-sautière de la diva.
Lamartine lui faisant compliment de son aptitude pour les langues, elle en parlait quatre avec une égale facilité…
« Oui, dit-elle, c’est très commode. Je puis ainsi habiller mes idées à ma façon. Quand un mot ne me vient pas dans une langue, je le prends dans une autre ; j’emprunte une manche à l’anglais, une collerette à l’allemand, un corsage à l’espagnol…
— Ce qui fait, madame, un charmant habit d’arlequin.
— Soit ! répliqua-t-elle vivement, mais il n’y a jamais de masque. »
Un autre assistant lui vantait un poète, aussi pauvre d’idées que riche de forme. « Ne me parlez pas de ce talent-là, dit-elle ; il fait un bain de vapeur avec une goutte d’eau. » Les louanges, les enthousiasmes jouaient naturellement un grand rôle dans la conversation ; elle y coupait souvent court avec une sorte d’impatience, surtout quand on avait la maladresse de l’exalter aux dépens de quelque autre grande artiste. Son admiration pour Mlle Sontag était sans bornes.
« Oh ! si j’avais sa voix ! disait-elle un jour.
— Sa voix ! sa voix ! reprit un des causeurs, oui sans doute, elle a une jolie voix, mais pas d’âme !
— Pas d’âme ! répondit vivement la Malibran, dites : pas de chagrin ! Elle a été trop heureuse. Voilà son malheur. J’ai une supériorité sur elle, c’est d’avoir souffert. Mais qu’il lui vienne un véritable sujet de