Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/443

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et place. La Ville accepta. La pension Saint-Victor prit successivement le nom d’École François Ier, d’École Chaptal, de Collège municipal Chaptal, et Goubaux changea son titre de chef d’institution en celui de directeur. C’était plus que la libération, c’était l’aisance. Débarrassé enfin de ses dettes et de ses angoisses, il put, de la fenêtre de ce cabinet de travail où il avait tant souffert et tant pensé, il put voir affluer dans ses cours élargies plus de dix-huit cents élèves, voir les murs de la pauvre petite maison-mère se reculer, envahir les terrains environnants, s’étendre dans tout le quartier, déposséder les hôtels contigus et devenir enfin le centre d’une nouvelle instruction publique en France. Mais ce n’était pas assez pour Goubaux d’avoir fondé l’œuvre, il voulut, avant de mourir, en assurer l’avenir, et il le fit par un de ces traits qui achèvent de le peindre.

A l’époque où il n’était encore que le chef de l’institution Saint-Victor, il avait pour concierge un homme qu’il estimait et aimait particulièrement. Ce concierge avait un fils, ce fils était intelligent ; Goubaux le remarqua et l’arracha à la loge, non, je me trompe, il ne l’en arracha pas, il l’y laissa, car cette loge était la maison paternelle pour l’enfant, et Goubaux ne voulait pas qu’il en rougît.

Il le fit donc monter dans les classes, coucher dans les dortoirs, prendre place dans la chapelle, jouer dans les cours, mais, souvent, à l’heure des récréations, l’enfant allait s’asseoir à côté de son père et tirait le cordon avec lui. Or, sait-on quel fut le résultat de cette éducation ? Sait-on ce que devint l’enfant ? Le second de