Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/148

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Les études sur ce sujet sont abondantes. La dernière est le

livre précis et solide de M. Eugène Ritter : J.-J. Rousseau et madame d’Houdetot. Mais voici, je crois, tout ce qu’il vous importe de savoir, et ce qui me semble la vérité.

En l’absence de son amant Saint-Lambert, qui est à l’armée, madame d’Houdetot, belle-soeur de madame d’Épinay, trente ans, brune, beaucoup de cheveux, louche et marquée de la petite vérole, agréable avec cela, libre, gaie, très bonne femme, fait des visites à Rousseau dans son Ermitage — (la première fois, crottée comme un barbet). Lui, va la voir à son château d’Eaubonne. Il s’enflamme, il croit aimer pour la première fois, et que c’est la grande passion. Il nous parle de son « tendre délire », et de ses « érotiques transports ». Il écrit à madame d’Houdetot des lettres brûlantes. Elle s’amuse de ses entreprises auxquelles elle n’a pas de peine à se dérober. En somme, Rousseau la chauffe pour Saint-Lambert.

Cependant on se doute de quelque chose dans le petit cercle de la Chevrette. A table, on se moque de lui à mots couverts. Madame d’Épinay est un peu jalouse. Elle déteste d’ailleurs madame d’Houdetot. Elle « potine » avec Thérèse, que Jean-Jacques, je l’ai dit, ne traite plus que comme une sœur, et qui souffre probablement, elle aussi, de cette aventure. Thérèse détourne des lettres de madame d’Houdetot et les montre à madame d’Épinay.