Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/163

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parlé de toi, aurait bien dû songer un jour à te définir.

Continuons le résumé très sommaire de la Lettre sur les spectacles.

« Donc, le théâtre, qui ne peut rien pour corriger les mœurs, peut beaucoup pour les altérer. »

En outre, le théâtre avilit et corrompt les comédiens et les comédiennes par leur métier même, qui est un travestissement de leur être véritable, et qui est, en outre, pour les femmes, une prostitution de leur personne physique. — Et tout cela est quelquefois vrai, et tout cela ne l’est pas toujours. Et Rousseau se rencontre ici avec Bossuet, comme il s’était rencontré avec Pascal à propos des effets de la représentation dramatique des « passions de l’amour ».

Encore, continue Rousseau, le théâtre peut-il être un moindre mal dans l’affreuse corruption des grandes villes. Mais quel divertissement funeste pour les petites cités !

Et il se ressouvient de sa patrie ; et il évoque la vie pastorale, patriarcale, idyllique, simple et parfaite des vertueux « Montagnons », qui sont une tribu des environs de Neuchâtel. — Après quoi, il explique en combien de façons et à combien de points de vue (moral, social, civique, économique) l’établissement d’un théâtre à Genève, — petite ville de vingt mille âmes, — nuirait à Genève. Et ici, il ne me paraît pas qu’il ait si grand tort.