Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/227

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On y trouve déjà, toutefois, des axiomes tels que ceux-ci :

Tous les caractères sont bons et sains en eux-mêmes, selon M. de Wolmar. Il n’y a point, dit-il, d’erreur dans la nature ; tous les vices qu’on impute au naturel sont l’effet des mauvaises formes qu’il a reçues. Il n’y a point de scélérat dont les penchants mieux dirigés n’eussent produit de grandes vertus, etc.

Rousseau lui-même avait été précepteur (chez M. de Mably, à Lyon, pendant une année environ). Il aimait enseigner. Depuis que la gloire lui était venue, il était, aux yeux de tous les agités, le professeur public de vertu, le réformateur de la société. Or la société peut être réformée surtout par l’éducation. Rousseau devait donc faire son traité de l’éducation ; il n’y pouvait guère échapper. Et il devait nécessairement concevoir l’éducation comme l’art de respecter chez l’enfant la nature, de la laisser se développer à l’aise, en se contentant de la défendre contre la pernicieuse influence des conventions sociales. Il y était obligé par ses premiers livres.

Et il y était obligé aussi par sa propre expérience. Lui-même s’était développé tout seul, non pas, il est vrai, tout à fait en dehors de la société, mais un peu en marge et, dans tous les cas, en dehors de la famille et en dehors du collège. Il n’avait reçu l’enseignement ni des parents, ni des maîtres, sauf pendant les deux années passées chez le pasteur Lambercier, et d’ailleurs en jeux et en prome-