Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/236

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rien ne t’en pourra faire sortir ; ne regimbe point contre la dure loi de la nécessité, et n’épuise pas, à vouloir lui résister, des forces que le ciel ne t’a point données pour étendre ou prolonger ton existence, mais seulement pour la conserver comme il lui plaît et autant qu’il lui plaît. Ta liberté, ton pouvoir ne s’étendent qu’aussi loin que tes forces naturelles, et pas au delà ; tout le reste n’est qu’esclavage, illusion, prestige…

Et il démontre, fort éloquemment, que les puissants et les souverains eux-mêmes subissent cette condition sans qu’ils s’en doutent. Et pour conclure :

Le seul qui fait sa volonté est celui qui n’a pas besoin pour la faire de mettre les bras d’un autre au bout des siens… L’homme vraiment libre ne veut que ce qu’il peut… Voilà ma maxime fondamentale. Il ne s’agit que de l’appliquer à l’enfance.

Par suite :

Maintenez l’enfant dans la seule dépendance des choses… Ne lui commandez jamais rien… Qu’il sache seulement qu’il est faible et que vous êtes fort… Aucune leçon verbale. Aucun châtiment, puisqu’il ne comprendrait pas, n’ayant pas encore de sens moral. « Il ne faut jamais infliger aux enfants le châtiment comme un châtiment, mais il doit toujours leur arriver comme une suite naturelle de leur mauvaise action. »

Le précepteur ne doit intervenir que de deux manières :

1º Pour protéger l’enfant contre lui-même quand il pourrait se blesser, se faire mal. Alors, que le