Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/237

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maître dise simplement « non », sans autre explication.

2º Pour faire gagner du temps à l’enfant (qui a toute la vie à apprendre tout seul, ce qui pourrait être long), le précepteur doit le placer ingénieusement dans des circonstances telles, que la nécessité l’instruise ; et peut même préparer, aménager ces circonstances.

Rousseau en donne plusieurs exemples. Il machine, avec la complicité du jardinier, tout un petit drame pour apprendre à Émile que le travail est le fondement de la propriété. — Émile reçoit de temps en temps des billets d’invitation pour un goûter, une partie sur l’eau, etc. Il cherche quelqu’un qui les lui lise ; on se dérobe ; alors l’enfant se décide à apprendre à lire. — Ou bien, Émile ayant le caprice de déranger son maître à toute heure pour qu’il le conduise à la promenade, on laisse un jour l’enfant sortir seul : mais, à peine a-t-il fait quelques pas dans la rue du village, qu’il entend à gauche et à droite des propos désobligeants : « Voisin, le joli monsieur ! Où va-t-il ainsi tout seul ? il va se perdre. — Voisin, ne voyez-vous pas que c’est un petit libertin qu’on a chassé de la maison de son père, etc. » C’est le gouverneur lui-même qui a préparé cette comédie… (Que d’artifices, Seigneur ! où il ne fallait qu’une taloche !)

En dehors des interventions de ce genre, le précepteur laissera agir la nature. — Pas de langues, pas de géographie, pas d’histoire. Pas de livres, pas