Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/289

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plus étonnant que la sécurité d’âme avec laquelle je m’y livrai.

Et un peu plus loin :

Cet arrangement (le dépôt aux Enfants-Trouvés) me parut si bon, si sensé, si légitime !…

— Oh ! que Julie, régénérée et devenue dévote, avait raison d’écrire : « Je ne veux plus être juge en ma propre cause » ! La conscience, non appuyée sur une règle fixe, une tradition, une religion dogmatique, ou simplement le Décalogue, risque tant, dans certains cas, de se confondre avec l’orgueil ou l’intérêt secret ! La foi de Rousseau dans la conscience, — c’est-à-dire dans sa conscience, ce n’est pas autre chose que l’« individualisme en morale » ce qui est une expression contradictoire. Il n’y a pas la conscience en général : il y a ma conscience, votre conscience, la conscience de Rousseau, qui a été souvent bien incertaine et bien trouble…

Mais je me reproche d’interrompre Jean-Jacques à une de ses meilleures heures. Le vicaire continue ; il a de belles pages stoïciennes sur cette idée, que combattre ses passions par goût de l’ordre, c’est obéir à la nature. Puis il disserte sur la « prière » ; il la veut limitée :

La seule chose que je demande à Dieu c’est de redresser mon erreur si je m’égare.

Et il arrive à la révélation et aux miracles.

Cette dernière partie contient les passages qui