Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/290

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ont fait condamner l’Émile (j’ai dit en raison de quelles circonstances particulières). Rousseau y montre pourtant une assez grande prudence. En deux mots, il néglige le surnaturel, miracles, révélation, sans les nier expressément et surtout parce que la constatation en est impossible. Il dit de la révélation :

Je ne l’admets ni ne la rejette : je rejette seulement l’obligation de la connaître.

Il dit des miracles que, — sans compter qu’ils sont incontrôlables, — ils ne servent de rien, du moment que, tour à tour, la vérité de la doctrine se prouve par les miracles, et la vérité des miracles par la doctrine. Il dit de l’évangile :

    La sainteté de l’Évangile est un argument qui parle à mon cœur ;

et vous connaissez le fameux passage qui se termine par ces mots, dont je ne sais s’ils expriment une foi sérieuse où s’ils ne sont qu’une façon de parler et un effet de rhétorique :

Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu.

Il a d’ailleurs soin de dire sur chaque point délicat :

Je ne me détermine qu’en tremblant, et je vous dis plutôt mes doutes que mon avis.

Il professe qu’il y a dans toutes les religions un