Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 2.djvu/519

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leur avez envoyé des guêpes comme les avant-coureurs de votre armée, afin qu’elles les exterminassent peu à peu.

9. Ce n’est pas que vous ne pussiez assujettir par la guerre les impies aux justes, ou les faire périr tout d’un coup par des bêtes cruelles, ou par la rigueur d’une seule de vos paroles ;

10. Mais exerçant sur eux vos jugements par degrés, vous leur donniez lieu de faire pénitence, quoique vous n’ignorassiez pas que leur nation était méchante, que la malice leur était naturelle, et que leur pensée corrompue ne pourrait jamais être changée.

11. Car leur race était maudite dès le commencement ; ce n’était pas par la crainte de qui que ce fût, que vous les épargniez ainsi dans leurs péchés

12. Car qui est celui qui vous dira : Pourquoi avez-vous fait cela ? ou qui s’élèvera contre votre jugement ? ou qui paraîtra devant vous pour prendre la défense des hommes injustes ? ou qui vous accusera quand vous aurez fait périr les nations que vous avez créées ?

13. Car après vous, qui avez soin généralement de tous les hommes il n’y a point d’autre Dieu devant lequel vous ayez à faire voir qu’il n’y a rien d’injuste dans les jugements que vous prononcez.

14. Il n’y a ni roi ni prince qui puisse s’élever contre vous en faveur de ceux que vous aurez fait périr.

15. Étant donc juste comme vous êtes, vous gouvernez toutes choses justement ; et vous regardez comme une chose indigne de votre puissance de condamner celui qui ne mérite point d’être puni.

16. Car votre puissance est le principe même de la justice, et vous êtes indulgent envers tous, parce que vous êtes le Seigneur de tous.

17. Vous faites voir votre puissance lorsqu’on ne vous croit pas souverainement puissant, et vous confondez l’audace de ceux qui ne vous connaissent pas.

18. Mais comme vous êtes le dominateur souverain, vous êtes lent et tranquille dans vos jugements, et vous nous gouvernez avec une grande réserve, parce qu’il vous sera toujours libre d’user de votre puissance quand il vous plaira.

19. Vous avez appris à votre peuple, par cette conduite, qu’il faut être juste et porté à la douceur, et vous avez donné sujet à vos enfants de bien espérer pour eux-mêmes, puisqu’en les jugeant vous leur donnez lieu de faire pénitence après leurs péchés.

20. Car si lorsque vous avez puni les ennemis de vos serviteurs, et ceux qui avaient si justement mérité la mort, vous l’avez fait avec tant de précaution, et si vous leur avez donné le temps, afin qu’ils pussent se convertir de leur mauvaise vie ;

21. Avec combien de circonspection avez-vous jugé vos enfants, aux pères desquels vous aviez donné votre parole avec serment, en faisant alliance avec eux et leur promettant de si grands biens !

22. Lors donc que vous nous faites souffrir quelque châtiment, vous tourmentez nos ennemis en plusieurs manières, afin que nous pesions votre bonté avec une sérieuse attention, et que lorsque vous nous faites éprouver votre justice, nous espérions en votre miséricorde.

23. C’est pourquoi, en jugeant ceux qui avaient mené une vie injuste et insensée, vous leur avez fait souffrir d’horribles tourments par les choses mêmes qu’ils adoraient.

24. Car ils s’étaient égarés longtemps dans la voie de l’erreur, prenant pour des dieux les plus vils d’entre les animaux, et vivant comme des enfants sans raison.

25. C’est pourquoi vous vous êtes