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MAURICE ROLLINAT.


Et puis dans votre appartement,
Dont le calme fait les magies,
Vous allumez plusieurs bougies
Pour rassurer votre tourment ;

Or, cette précaution même
Ajoute encore à votre effroi,
Car vous songez trop au pourquoi
De l’illumination blême.

Maintenant sous le plafond brun,
Tous ces flambeaux de cire vierge
Ont la solennité du cierge
Qui brûle au chevet du défunt ;

La raison froide qui dissèque
Vous quitte pour le ténébreux,
Et vous trouvez louche et scabreux
L’abord de la bibliothèque.

À cette funèbre clarté
Maint livre, derrière sa vitre,
Vous déconcerte par son titre
Evocateur d etrangeté ;

Un saisissement plein d’épingles
Vous prend les tempes et le dos ;
Vous épiez si vos rideaux
Ne s’écartent pas sur leurs tringles.

Attendez donc ! Ce n’est pas tout…
Et cette vermineuse horloge
Dont le tac tac tac tac se loge
Dans tel vieux meuble on ne sait où…