Page:Lenotre - Prussiens d’hier et de toujours, 1916.djvu/51

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Frédéric Schlegel, en 1842[sic], enseigne, le plus sérieusement du monde, que « l’Allemagne synthétise le goût artistique des Italiens, la rhétorique des Français, le talent historique des Anglais, la poésie et le patriotisme des Espagnols, de sorte que l’esprit germanique est le sens intérieur qui réunira ces quatre forces élémentaires en une vivante conscience ; ainsi renaîtra le Verbe impérissable ». On avait déjà entendu dire, par Schelling, que « ce Verbe divin s’incarnait chez l’Allemand, éducateur providentiel de l’humanité », et peu à peu on en vint à plaindre, très sérieusement, ces pauvres peuples qui n’avaient pas le bonheur d’être allemands, et à prêcher simultanément l’épanouissement de la culture et de la force germaniques. Le doux Schleiermacher, en vertu de cette activité teutonne, s’écriait : « Je prends possession du monde entier ! » et Schelling, dans un délire de satisfaction conquérante, se proclamait « le maître de la nature » ! Plus récemment Th. Lange écrivait : « Les peuples à l’entour sont ou bien des fruits mûrs, bientôt flétris, qu’un prochain orage peut secouer de l’arbre, tels que Turcs, Grecs, Espagnols, Portugais – ou bien ils sont orgueilleux de leur race, mais sénilement raffinés, comme les Français. Nous, Allemands, nous sommes destinés à être la férule qui corrige et guérit toutes ces dégénérescences. »

À ceux qui auraient le loisir et la liberté d’esprit nécessaires pour étudier de près ce cas de vanité épidémique, unique dans les annales humaines, je signale un petit volume de M. René Lote, professeur