Page:Lenotre - Prussiens d’hier et de toujours, 1916.djvu/53

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de la foi jurée : de cela, ils ne savent rien. Il faut être devenu soi-même étranger à l’honneur pour asseoir toute sa politique sur la certitude que l’intérêt le plus bas et la peur priment partout l’honneur et le droit. « L’Allemagne dit à la Russie : laisse écraser la Serbie par l’Autriche ; elle dit à la France : laisse la Russie aux prises avec l’Autriche ; elle dit à la Belgique : livre-moi les routes qui conduisent au cœur de la France ; elle dit à l’Angleterre : abandonne la Belgique et la France. » Elle se flatte que la Belgique s’inclinera, que l’Angleterre trahira, que la Russie aura peur, que la France demandera grâce ; elle escompte des troubles en Pologne, l’émeute à Paris... De quel limon sont faites les âmes qui n’attendent des autres que lâcheté et trahison ?

Est-ce donc cela l’âge d’or prédit par leurs philosophes ? La réincarnation du « Verbe impérissable » ? Où donc est l’influence de la culture ? Ils sont les mêmes que les jugeait, il y a près de vingt siècles, Tacite : « Les Germains, à la fois très féroces et très retors, nés pour le mensonge » ; les mêmes aussi que les jugeait Napoléon, disant de la Prusse : « C’est une mauvaise nation. » Leurs vaisseaux, poursuivis, se cachent, changent de pavillon et se vendent, par télégraphe, aux Turcs. Culture ? Leur artillerie bombarde les villes ouvertes ; ils fusillent les femmes, mutilent les enfants, s’imaginent répandre la terreur et ne soulèvent que l’horreur. Depuis les Vandales et les Huns il n’y eut jamais d’armée plus féroce, plus barbare que celle qui, au mois d’août dernier, se