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derrière les vieux murs en ruines

Jérusalem ! ô mon malheur ! splendide était son état,
Aujourd’hui, croulante, croulée, sont morts tous ses jeunes guerriers.
Le sang de Zakaria, l’ont jeté à la mer qui bouillonne,
A juré Hanna qu’elle ne revêtirait plus ses caftans.
On tua ses fils, sur ses genoux, comme des agneaux.
N’allumez pas les flambeaux, dans les ténèbres,
Pleurez et gémissez jusqu’à ce que s’achève la nuit !
A juré Hanna la malheureuse, que ne finira jamais son deuil[1] !
Pour elle sont morts ses enfants d’un seul coup !

— Ha wou ! wou ! wou !

Le rythme se précipite, les gémissements se font plus aigus et les mains s’abattent dans l’air en gestes exaspérés. Quelques pleureuses, entraînées par la cadence, effleurent même leurs vieilles joues que rien ne saurait rougir.

— Ha wou ! wou ! wou !

Le cimetière résonne d’aboiements… là-bas, au-dessus des étalages de bonbons et de la foule joyeuse, le vent apporte parfois les derniers échos des voix qui déplorent la perte de Jérusalem :

— Ha wou ! wou ! wou !


9 août.

Elles sont accroupies sur les divans, éblouissantes et graves. Elles portent des caftans de bro-

  1. Hanna avait sept enfants, qui furent tués sur ses genoux à la prise de Jérusalem.