Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demandait à l’assemblée de pardonner. Il pria l’assistance de ne pas se séparer sans avoir pris une décision.

M. Tirard était surpris par le langage menaçant qu’il venait d’entendre, « Mais, a-t-il dit par la suite, je ne voyais là qu’une fanfaronnade. Je ne supposais pas que ces gens eussent des moyens d’action aussi étendus et aussi puissants. » Il se rendit compte toutefois de la gravité de la situation, et il se montra dès lors, plus conciliant. Il proposa de rédiger une affiche, par laquelle on annoncerait à la population qu’un projet de loi allait être déposé, par les soins des députés de Paris sur le bureau de l’Assemblée.

PROJET D’ENTENTE

Il n’était plus question de la participation des membres du Comité Central à cette affiche. Les délégués, désireux d’en finir, soucieux de paraître ne rien refuser de ce qui pourrait amener la conciliation, acceptèrent cette offre. C’était de leur part une concession grande. Ils semblaient reconnaître d’abord la prétention des maires et députés de traiter seuls, et ensuite ils paraissaient admettre l’illégitimité d’origine, le défaut de mandat et d’autorité, que leur reprochaient ces maires et ces députés. Ils abdiquaient, et après les fières et menaçantes paroles de Jourde, ils cédaient. Ils laissaient ainsi les maires et les députés parler seuls au peuple et négocier, comme s’ils étaient vraiment les maîtres de Paris, avec l’Assemblée nationale. On peut s’étonner de cette attitude trop soumise et estimer que les délégués se soumettaient, avec trop de résignation, à l’arrogante exigence des maires et députés, qui n’avaient pour eux qu’un semblant de légalité, une investiture remontant au plébiscite du siège, plus spécialement un mandat vague