Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/111

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du chômage. L’Assemblée restant en place, l’insurrection du Dix-Huit mars devait reprendre son cours, n’ayant pas eu son résultat logique, c’est-à-dire la substitution d’un régime nouveau, accepté par toute la France, comme au 27 juillet 1830, comme au 24 février 1848, comme au 2 décembre 1851, comme au 4 septembre 1870, avaient été admis et acclamés les gouvernements issus d’un coup de force. La bataille, un instant interrompue par une sorte d’armistice de fait, devait continuer, et rien ne pouvait arrêter son cours sanglant, que la victoire d’un côté ou de l’autre.

La victoire fut malheureusement du côté de la réaction. Etait-elle possible pour les républicains parisiens ? Oui, assurément. Elle était même facile jusqu’au 20 mars, Elle devenait difficile, mais possible encore, durant les premières semaines de lutte. Elle apparut impossible, comme la suite de cette Histoire l’expliquera, lorsque le combat se rapprocha de l’enceinte parisienne, lorsque les forces, sans cesse grossissantes et victorieuses de Versailles, ne permirent plus de croire que M. Thiers renoncerait au triomphe sanglant qu’il était à la veille d’obtenir. L’espoir que certains optimistes gardèrent que M. Thiers désarmerait, ou que la province enfin désabusée, revenue à d’autres sentiments, interviendrait, se soulèverait, était bien faible au moment de l’élection de la Commune ; il s’évanouit bientôt après. La province ne pouvait être, avant de longues années, détrompée. Elle assisterait, impassible, au bombardement de Paris et au massacre des Parisiens, voilà ce dont on ne put douter quand les hostilités commencèrent. Aucun secours, du jour de la rupture des négociations, n’était donc à attendre des départements, et Paris était perdu en vertu du principe émis par Vauban, et tant de fois vérifié, que toute place investie doit être réputée prise, si elle n’est secourue à temps.