Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/112

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Le 20 mars, à l’Hôtel-de-Ville, quand les délégués des maires se furent retirés sans avoir obtenu les concessions qu’ils exigeaient, et qui, consenties, eussent montré tout l’odieux du plan de Thiers refusant, et suscité l’intervention des départements, Paris se trouva livré à ses seules ressources : comme les troupes commençaient à l’investir, il pouvait être considéré déjà comme pris.

Voilà pourquoi on doit regretter que le Comité Central ne se soit pas résigné à subir les exigences de M. Thiers et de ses mandataires, les maires de Paris. Il eût été plus habile en cédant, en remettant son sort aux mains des maires et des députés. Alors il poussait au pied du mur le fourbe de Versailles, et l’obligeait à faire savoir au monde entier qu’il ne voulait pas pacifier Paris, mais le bombarder, le vider de ses meilleurs républicains, et lui faire subir un traitement de ville vaincue, qui avait répugné même à la brutalité prussienne. Le résultat pour les républicains parisiens eût été le même, mais, pour la postérité, toute la responsabilité du sang versé fût retombée sur M. Thiers et ses ruraux.

MANIFESTE DU COMITÉ CENTRAL

Le Comité Central fit afficher, le 20 mars, une proclamation, un peu longue, mais qui contenait un exposé intéressant de la situation, et qui se terminait par une déclaration d’une éloquente modestie. Il débutait ainsi :

« Si le Comité Central de la garde nationale était un gouvernement… » On remarquera cette première affirmation, corrigeant la formule, qui pouvait paraître usurpatrice, de la proclamation citée plus haut, insérée au Journal Officiel et commençant par ces mots : « Le nouveau gouvernement de la république. » Le ton du document compor-