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Ce triste personnage s’est éteint, à Paris, 18, rue de Belleville, dans l’hiver de 1909, méprisé de ceux qui l’avaient connu, dédaigné par ses adversaires ; sa fin fut inaperçue.

CHARLES LONGUET

Passons à une physionomie d’honnête et brave citoyen, à un homme d’autre valeur, collaborateur de Vésinier à l’Officiel, comme lui membre de la Commune, mais combien différent de ce gnome malfaisant !

Charles Longuet fut directeur de l’Officiel, plus longtemps que Lebeau et Vésinier. Bien qu’il passe pour avoir rédigé la plupart des premières proclamations du Comité Central, et qu’il ait publié d’excellents articles dans l’Officiel, son importance parmi les hommes de la Commune tient à d’autres et plus sérieux titres. C’était un disciple de Proudhon. Il est resté fidèle au grand démolisseur, alors que les jeunes écoles collectivistes affectaient de ne voir en lui que le socialiste des petits paysans et des petits bourgeois. Le Proudhon des premiers écrits, a-t-il dit justement, avait pu être hostile à l’esprit d’association, mais l’auteur de la Justice dans la Révolution et dans l’Église, de la Théorie de l’Impôt et de la Capacité des classes ouvrières, était favorable à la fédération agricole et industrielle qu’il donnait comme soutien à la fédération politique. « Plus de trente-cinq ans avant l’Internationale, avant qu’il y eût un parti démocrate-socialiste en Allemagne, Proudhon, écrivait Longuet dans ses notes sur la traduction de l’ouvrage de Karl Marx, La Commune de Paris, avait complètement, merveilleusement démontré la possibilité et la nécessité de constituer en France un parti du travail, nettement opposé aux diverses fractions du parti du capital. »