Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/133

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Deux grandes influences éducatrices et directrices dominèrent les hommes de la Commune : Blanqui et Proudhon. Il faut reconnaître la netteté de vision, la clairvoyance intellectuelle, qui firent de Charles Longuet le propagateur et le gardien des idées proudhoniennes au sein de la Commune de Paris.

Longuet était né à Caen, et avait trente-deux ans, quand il siégea à l’Hôtel-de-Ville. I avait eu, au quartier latin, une jeunesse active et laborieuse. D’une haute taille, justifiant son nom, évidemment ancien sobriquet patronymique, la barbe peu fournie, les veux vifs et noirs, maigre, alerte, la gesticulation prompte, la parole ardente, toujours prêt à discuter, à argumenter en vrai normand, il était l’un des discoureurs familiers de la brasserie Serpente et aussi de la fameuse brasserie de la rue Saint-Séverin « Chez Glaser ». Il avait commencé ses études de droit, mais le journalisme et la politique l’empêchèrent de les pousser loin, et il ne parut à la barre des tribunaux que comme prévenu. Il fut l’un des premiers fondateurs de ces petites feuilles de combat philosophique et d’esprit critique qui réveillèrent la jeunesse des écoles. Il signait, comme gérant, La Rive Gauche, quand parurent les Propos de Labienus de Rogeard, ce qui lui valut un certain nombre de mois de prison. Il alla, à Liège, au congrès des étudiants et s’y montra l’un des plus vigoureux adversaires de l’empire. Bien que les discours incriminés par le parquet eussent été prononcés sur un territoire étranger, il fut poursuivi et condamné.

Il fut pendant le siège commandant du 948e bataillon de la garde nationale. Au 18 mars, il occupa les abords du Panthéon avec son bataillon et prit possession du Luxembourg. I ! fut élu membre de la Commune aux élections complémentaires, dans le xviearrondissement (Passy) par