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EXPLICATIONS AU PEUPLE

Le Comité Central, durant ces deux journées initiales, parut surtout préoccupé d’exposer sa situation, de justifier sa présence à l’Hôtel-de-Ville et de plaider la cause de la révolution du Dix-Huit mars. Explications, justifications et plaidoiries eussent tenu dans quelques coups de canon bien dirigés sur la préfecture de Versailles, suivis de l’entrée des bataillons fédérés au palais où siégeait l’assemblée rurale. Les membres du Comité Central éprouvaient la démangeaison d’écrire, de pérorer, de se disculper, comme si l’on eût alors déjà songé à incriminer leurs actes, comme s’ils eussent à se défendre à une barre de tribunal ou à une tribune de réunion publique. Comme il ne disposait que du Journal Officiel, le Comité usait et abusait de ce truchement. Le peuple attendait pourtant de lui des actes et non des plaidoyers. Il devait siéger en permanence, comme un conseil de guerre avant le combat, se préoccupant seulement de donner le signal du feu et de lancer des bataillons en avant, et il perdait ces précieuses journées irréparables, quand il n’ergotait pas avec les maires, à rédiger des défenses et à développer des conclusions.

Voici l’un de ces documents de procureur, qui, tout en contenant d’excellents arguments, n’a ni la concision affirmative, ni l’énergie entraînante des proclamations qu’on pouvait attendre de chefs d’insurgés. Il est peu probable que les dissertations de ce genre aient produit grand effet sur les contemporains auxquels elles s’adressaient. Ce long memorandum n’est pas sans intérêt pour nos générations. Il aide à définir la situation, et à déterminer la mentalité de ces hommes d’action, étourdis par leur victoire, incertains sur l’usage qu’ils devaient en faire, et qui s’empê-