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traient dans une phraséologie justificative, complètement superflue, fâcheuse plutôt.

Le Journal Officiel du mardi 21 mars publia donc la note suivante sous ce titre : La Révolution du 18 mars.

Les journaux réactionnaires continuent à tromper l’opinion publique en dénaturant, avec préméditation et mauvaise foi, les événements politiques dont la capitale est le théâtre depuis trois jours. Les calomnies les plus grossières, les inculpations les plus fausses et les plus outrageantes sont publiées contre les hommes courageux et désintéressés, qui, au milieu des plus grands périls, ont assumé la lourde responsabilité du salut de la République.

L’Histoire impartiale leur rendra certainement la justice qu’ils méritent, et constatera que la Révolution du Dix-Huit mars est une nouvelle étape importante dans la marche du progrès.

D’obscurs prolétaires, hier encore inconnus, et dont les noms retentiront bientôt dans le monde entier, inspirés par un amour profond de la justice et du droit, par un dévouement sans bornes à la France et à la République, s’inspirant de ces généreux sentiments et de leur courage à toute épreuve, ont résolu de sauver à la fois la patrie envahie et la liberté menacée. Ce sera là leur mérite devant les contemporains et devant la postérité.

Les prolétaires de la capitale, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en mains la direction des affaires publiques.

Ils ont usé du pouvoir que le peuple a remis entre leurs mains avec une modération et une sagesse qu’on ne saurait trop louer.

Ils sont restés calmes devant les provocations des ennemis de la République, et prudents en présence de l’étranger.

Ils ont fait preuve du plus grand désintéressement et de l’abnégation la plus absolue. À peine arrivés au pouvoir, ils ont eu hâte de convoquer dans ses comices le peuple de Paris, afin qu’il nomme immédiatement une municipalité communale, dans les mains de laquelle ils abdiqueront leur autorité d’un jour.

Il n’est pas d’exemple, dans l’histoire, d’un gouvernement provisoire qui se soit plus empressé de déposer son mandat entre les mains des élus du suffrage universel.

En présence de cette conduite si désintéressée, si honnête et si démocratique, on se demande avec étonnement comment il peut