Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/142

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tral agissait dans la pensée nette et dans la volonté ferme de proclamer et d’appliquer le programme socialiste et de déclarer la guerre des classes. Il y avait une autre guerre à faire, plus proche, plus terre à terre, mais dont dépendait le succès de l’autre, celle dont l’émancipation des travailleurs et leur domination peut-être serait le fruit.

La révolution sociale devait être la conséquence logique et fatale de la révolution patriote et politique du Dix-Huit mars, mais il fallait d’abord se débarrasser de l’obstacle : la réaction versaillaise conduite par M. Thiers. Avant de s’occuper d’émanciper les travailleurs, il fallait les empêcher d’être massacrés.

L’invocation du délégué du Journal Officiel à la guerre de classes et à la suprématie de la caste des travailleurs était prématurée et imprudente. Les craintes et les divisions que ces appels ne pouvaient manquer de susciter, renforçant la résistance des maires, stimulant le commencement de guerre civile dans les quartiers du centre, présentaient quelques symptômes inquiétants. Ces menaces n’étaient pas d’une bonne tactique en ce moment critique. Le rédacteur le sentait d’ailleurs, et se donnait un démenti à lui-même, lorsqu’il disait : « En présence des catastrophes actuelles, il n’est pas trop du concours de tous pour nous sauver. »

Ce concours allait être compromis, car, secondant les intrigues de M. Thiers, le parti réactionnaire s’efforçait de fomenter, au centre de Paris, à la mairie de la Bourse et au Grand-Hôtel, une tentative de guerre intérieure, à laquelle la grande majorité de la population refusa de participer, et qui fut arrêtée net, par la répression de la manifestation dite « des Amis de l’ordre », rue de la Paix.