Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/150

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conséquences devaient être si graves pour le sort de Paris :

M. Thiers me dit : « Mais quelles troupes mettez-vous au Mont-Valérien ? » Je lui répondis : — Vous savez bien que je vous ai envoyé à Versailles le 119e de ligne pour nettoyer et approprier la ville, que vous m’avez dit être dans un état déplorable : le 119e est bien commandé. C’est ce régiment qu’il faut envoyer au Mont-Valérien, et il faut que je l’y envoie tout de suite, parce que les deux bataillons de chasseurs doivent partir à sept heures du matin. M. Thiers se décida à signer l’ordre que je demandais. J’allai trouver le colonel qui commandait le 119e, et je lui dis : « Où sont vos hommes ? — Ils sont éparpillés un peu partout. — Il m’en faut trouver au moins trois cents. »

Je fus prendre un escadron de cavalerie, de l’artillerie.

J’écrivis un mot au colonel qui commandait le Mont-Valérien et j’acheminai mes troupes vers la forteresse.

Un membre. — À quel moment ?

M. le général Vinoy. — Dans la nuit du dimanche 19 au lundi 20, parce que les deux bataillons de chasseurs devaient partir à sept heures du matin. J’avais fait dire au commandant du fort de ne pas les laisser sortir, avant qu’il aperçût la tête de colonne des troupes que j’envoyais. L’ordre fut exécuté. Le détachement arriva avant que les chasseurs ne fussent partis.

M. Martial Delpit. — Me serait-il permis de demander au général l’heure précise à laquelle l’ordre d’évacuer les forts a été donné ?

M. le général Vinoy. — Cet ordre a été donné à peu près vers trois heures.

M. Martial Delpit. — Le 18.

M. le général Vinoy. — Par conséquent une heure avant le départ de M. Thiers.

(Enquête parlementaire du 18 mars. Tome II, page 100.)

Après le départ du général Vinoy, se hâtant de diriger des renforts sur le Mont-Valérien, M. Thiers se replongea dans ses oreillers et dans ses songeries belliqueuses, se doutant à peine qu’il venait d’assurer la défaite de Paris et la victoire versaillaise.

Ainsi le Mont-Valérien était resté sans garnison, ou dé-