Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/151

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fendu bien faiblement par quelques chasseurs démoralisés et qui n’eussent pas résisté à une attaque sérieuse. La sommation qui leur fut faite dans la journée du 19, n’étant pas suffisamment appuyée ne pouvait avoir de résultat. En admettant, que, dans la journée du 18 mars, le Comité Central n’eût pas eu l’autorité ni l’initiative suffisantes pour occuper le Mont-Valérien, puisque même à Paris son pouvoir sur les bataillons ne se fit sentir que dans certains quartiers de la ville, sans action générale, et que les forces insurrectionnelles agirent éparpillées et comme isolées. Il avait eu cependant toute la journée du dimanche, et même une partie de la nuit du lundi, pour mettre la main sur la forteresse. Il ne fit rien, faute impardonnable. À défaut de l’ordre de Lullier, trahissant déjà, l’un des membres du Comité, des chefs hardis, comme Duval, Henry ou Serizier, n’avaient qu’à se mettre à la tête de deux ou trois bataillons pour s’emparer de la citadelle de Paris. Ils n’y pensèrent pas. Et cependant, ils n’ignoraient pas que la ville n’avait dû son salut qu’à la possession du Mont-Valérien pendant le siège. Si les Prussiens avaient tenu cette forteresse, ils ne se fussent pas contentés d’une parade dans les Champs-Élysées, le 1er mars : ils eussent donné l’assaut et pris Paris de vive force dès les premiers jours de l’investissement. À Paris on eut donc le même oubli du Mont-Valérien qu’à Versailles. Il ne se trouva malheureusement pas un Vinoy, à l’Hôtel-de-Ville, pour réveiller les chefs et leur arracher l’ordre d’occuper la forteresse.

PREMIERS ACTES DU GOUVERNEMENT

Le premier soin de M. Thiers fut d’annoncer son arrivée à Versailles aux autorités de tous les départements. Il le fit par cette circulaire, datée du 19 mars :