Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/153

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prescrivant l’interception des correspondances, ainsi conçue :

Par ordre du gouvernement, aucun objet de correspondance originaire de Paris ne doit être acheminé ou distribué.

Tous les objets de cette origine qui parviendraient dans votre service en dépêches closes de Paris ou autrement, devront être invariablement expédiés sur Versailles.

C’était un blocus à l’intérieur. En vertu de cet ordre, Paris se trouvait isolé, encore une fois séparé de la province et du restant du monde. Cette extraordinaire mesure qui supprimait les correspondances entre Paris et les départements, qui transformait Versailles en un immense cabinet noir, était prise au moment où les maires et députés parlaient d’un accord, où M. Thiers semblait n’avoir que la conciliation pour but, lorsqu’il déléguait aux municipalités l’administration provisoire de la ville de Paris, ce qui emportait évidemment le mandat et les pouvoirs pour convoquer les électeurs parisiens. Il n’est pas possible, en lisant ces ordres et ces dépêches, de croire que M. Thiers ait voulu un seul instant l’apaisement. Il est nécessaire de répéter cette constatation, car plusieurs historiens ont cru et répété que les maires, obéissant aux instructions de M. Thiers, ont tout fait pour réaliser cet accord. Les maires n’ont pas tous été complices, mais ils ont tous été dupes de la feinte disposition conciliante de M. Thiers. Celui-ci, pendant les pourparlers, rassemblait ses troupes et isolait Paris. Ils eussent trompé son attente et contrarié sa tactique s’ils eussent obtenu ce qu’ils semblaient avoir mission de demander.

Le directeur des postes et télégraphes, Lucien Combatz, ancien employé au télégraphe et commandant de la 6e légion, crut devoir répondre à l’ordre d’intercepter les cor-