Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/154

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respondances, par une note d’un ton emphatique, où il était question de la présence du « roi » à Versailles.

Tous les services, disait ce factum assez ridicule, toutes les communications avec la province sont interrompues. On veut nous tromper. Les employés sont à Versailles avec le roi. Nous signalons au peuple de Paris ce procédé criminel. C’est une nouvelle pièce à charge dans ce grand procès entre peuples et rois. En attendant, et pour consacrer tout entières à l’œuvre du moment les forces qui nous restent, nous suspendons, à partir d’aujourd’hui, le service de la télégraphie privée dans Paris.

Ainsi, pour dédommager les Parisiens de la privation des lettres et télégrammes, venus des départements, on leur supprimait la correspondance télégraphique interurbaine ! C’était absurde et inexplicable.

Ce directeur trop exubérant fut bientôt révoqué, et le service de la télégraphie privée fut rétabli dans Paris, mais sous le contrôle évident du cabinet noir de Versailles pour toutes les dépêches hors Paris.

Il y eut dès le 20 mars installation d’un journal officiel à Versailles. Son premier numéro contenait une circulaire aux préfets prescrivant de saisir le journal officiel du 20 mars, daté de Paris, et une note disant ;

Hier, 19 mars, ont été envahis à Paris, les bureaux du Journal Officiel, dont le personnel s’était transporté, avec les archives, à Versailles, auprès du gouvernement et de l’Assemblée nationale. Les envahisseurs se sont emparés des presses, du matériel et même des articles officiels et non officiels composés et restés dans l’atelier. C’est ainsi qu’ils ont pu donner à la publication de leurs actes une apparence régulière, et tromper le public de Paris par un faux journal du gouvernement de la France.

Il parut donc, ce jour-là, deux Officiels, l’un à Paris, l’autre à Versailles. Les deux parties officielles étaient dif-