Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/155

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férentes et furieusement divergentes, mais dans la précipitation de la composition du second officiel, on laissa passer dans les deux éditions le même article : « Variétés ». Il était, il est vrai, sur un sujet étranger à la politique. L’article était le même, mais la signature varia. Sur un officiel l’article était signé Mouton, sur l’autre Mérinos. On sait que Mérinos était le pseudonyme, transparent suffisamment, de M. Eugène Mouton. À Versailles, on inséra l’article sous le nom véritable de l’auteur ; le secrétaire parisien le signa du pseudonyme porté sur la copie, et voilà comment la galerie s’égaya de cette dualité et de la publication jumelle.

Dans le même numéro, le gouvernement publia une longue note où il passait en revue les événements accomplis et les exposait à son point de vue, C’était comme une réponse aux articles analogues, mais dans un sens différent, insérés dans le journal officiel de Paris, reproduits plus haut :

Le gouvernement n’a pas voulu engager une action sanglante, alors qu’il était provoqué par la résistance inattendue du Comité Central de la garde nationale. Cette résistance, habilement organisée, dirigée par des conspirateurs audacieux autant que perfides, s’est traduite par l’invasion d’un flot de gardes nationaux sans armes et de population se jetant sur les soldats, rompant leurs rangs et leur arrachant leurs armes. Entraînés par ces coupables excitations, beaucoup de militaires ont oublié leur devoir. Vainement aussi la garde nationale avait-elle été convoquée ; pendant toute la journée, elle n’a paru sur le terrain qu’en nombre insignifiant.

C’est dans ces conjonctures graves que, ne voulant pas livrer une bataille sanglante dans les rues de Paris, alors surtout qu’il semblait n’être pas assez fortement soutenu par la garde nationale, le gouvernement a pris le parti de se retirer à Versailles près l’Assemblée Nationale, la seule représentation légale du pays.