Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/157

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faire à ses engagements est livrée à l’ennemi, qui lui imposera sa dure servitude. Voilà les fruits amers de la folie criminelle de quelques-uns, de l’abandon déplorable des autres.

Il est temps encore de revenir à la raison et de reprendre courage. Le gouvernement et l’Assemblée ne désespèrent pas. Ils font appel au pays, ils s’appuient sur lui, décidés à le suivre résolument et à lutter sans faiblesse contre la sédition. Des mesures énergiques vont être prises ; que les départements les secondent, en se groupant autour de l’autorité qui émane de leurs libres suffrages. Ils ont pour eux le droit, le patriotisme, la décision : ils sauveront la France des horribles malheurs qui l’accablent.

Déjà, comme nous l’avons dit, la garde nationale de Paris se reconstitue pour avoir raison de la surprise qui lui a été faite. L’amiral Saisset, acclamé sur les boulevards, a été nommé pour la commander. Le gouvernement est prêt à le seconder. Grâce à leur accord, les factieux qui ont porté à la République une si grave atteinte seront forcés de rentrer dans l’ombre ; mais ce ne sera pas sans laisser derrière eux, avec les ruines qu’ils ont faites, avec le sang généreux versé par leurs assassins, la preuve certaine de leur affiliation avec les plus détestables agents de l’empire et les intrigues ennemies. Le jour de la justice est prochain. Il dépend de la fermeté de tous les bons citoyens qu’elle soit exemplaire.

Toutes ces publications avaient pour but de tromper la province et de faire croire que M. Thiers disposait déjà, à Versailles, d’une force et d’une organisation, qu’il ne posséda que plus tard. Un écrivain anonyme, des plus hostiles à Paris et à l’insurrection, Sempronius (Octave Mogera et Joseph Décembre), a dû constater cette manœuvre de M. Thiers.

Le gouvernement de l’Assemblée nationale, disent les deux collaborateurs, instruit des excitations des clubs pour pousser les fédérés à une marche sur Versailles, lançait des proclamations et des dépêches affirmant qu’il était solidement établi à Versailles. Il n’en était rien ; mais cette tactique réussit et retarda l’effort qui allait s’opérer de ce côté, En réalité, nous pouvons assurer que le général Vinoy, chargé du salut et de la garde de l’Assem-