Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/159

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pour tenir tête à Paris en révolution et assurer le « triomphe de l’ordre ». Il était absolument incapable d’accomplir une aussi formidable tâche. M. Thiers n’en doutait nullement, et ce fut probablement le motif qui le décida à la lui confier. S’il avait cru que M. Saisset pourrait seulement remplir le quart de cette mission, il se fat bien gardé de la lui donner. Thiers se réservait le rôle de sauveur, dont le médiocre et pusillanime amiral acceptait vaniteusement d’être la doublure.

Saisset était entré à l’école navale de Brest en 1829. En 1840, il était lieutenant de vaisseau. Un accident d’ordre disciplinaire, auquel il sera fait allusion plus loin, interrompit sa carrière et retarda son avancement. En 1863, il fut nommé contre-amiral et membre de la Commission des phares. Au moment de l’investissement, il reçut, comme la plupart des officiers de marine inutilisables sur mer, un commandement à terre, sous Paris. Il fut chargé de la défense des forts de l’Est et nommé vice-amiral. Au plateau d’Avron, il fit illusion et acquit une certaine popularité. La population parisienne, qui voyait en lui un des meilleurs défenseurs de la cité, ce qui était une supposition gratuite, le nomma député aux élections de février. Il fit partie de la commission chargée d’assister aux négociations de la paix.

Nommé général en chef de la garde nationale, par M. Thiers, le 20 mars, il fut un instant le chef des bataillons modérés, et parut devenir l’âme de la résistance bourgeoise, au Grand-Hôtel et à la mairie de la rue de la Banque. Il ne tarda pas à reconnaître son impuissance et donna sa démission. À l’Assemblée nationale, où il revint siéger, il se signala par son vote contre l’amendement Wallon, c’est-à-dire contre l’établissement définitif de la République, lors de la discussion des lois constitutionnel les. Il est mort à Paris le 25 mai 1879.